« Le matin, peu après le réveil, Tomas avait lu un article — ou était-ce une page d’un livre ? — qui, sans qu’il ne sache se l’expliquer, l’avait intrigué. Il y était question d’un événement malheureux ayant bouleversé les Sumériens, au point d’affecter jusqu’à leur écriture. L’auteur précisait que chacun des caractères de leur alphabet avait connu une rotation de quatre-vingts dix degrés. Une certaine manière d’illustrer à quel point tout leur monde avait été mis sens dessus dessous. Des experts très sérieux avaient conclu qu’il s’agissait du déluge, celui-là même dont sa bonne vieille Bible parlait. Pourtant, au lieu que cela le réconfortât dans sa foi — la science n’était certes pas une béquille pour lui, mais que cette dernière confirmât l’un des récits les plus raillés de la Bible ne pouvait, ne devait pas le laisser indifférent —, il n’en fut que très peu affecté. Il entendait seulement naître au-dedans de lui quelque chose, comme un flou tourbillon qui se levait, une agitation comme ça, sans raison apparente. » Tomas et Karmel mènent une existence tranquille que le drame vient changer à tout jamais. Rien n'est épargné. Ni leur quotidien. Ni leurs convictions les plus intimes. À la fois tendre et cruel, et porté par une écriture crue et authentique, ce roman chemine dans une continuelle interrogation sur ce que nous devenons une fois que nous échappent les choses auxquelles nous tenons le plus.
PapaDustream