Le 14 décembre à onze heures – on me l'a offert et j'ai dit oui. Toute seule. Sans personne pour me pousser ou m'empêcher. M'influencer. J'ai dit oui, parfait. Et j'ai été soulagée d'une immense frayeur. Soulagée de l'inconnu. Je tenais mon tri entre mes mains. Je ne serais pas victime de mon corps. Je lui ordonnerai d'en finir. À ma manière. Selon mon désir, ma volonté. Sans douleur. Dix jours. C'est ce qui lui reste à vivre. Et le temps ne s'écoule plus en douceur. Le temps devient tout-puissant, marqué à tout instant par la force vitale qui persiste sauvagement. C'est en écrivant le journal de ces dix jours qu'elle exalte ce qui constitue les fondements de sa vie, les amours, les enfants, les échecs autant que les heures glorieuses. Quand le compte à rebours est amorcé, la lucidité exige sa place sans frimer, les vanités qui servent de rempart à l'orgueil s'évanouissent et les rapports apparaissent dans toute leur simplicité. Ce qui importe vraiment règne en maître ? : les enfants, ses deux filles si l'une de l'autre. Isabelle qui la remercie presque d'avoir pris cette décision. Monica qui résiste farouchement. Les amants, les amours, licites ou illicites, les élans... coups de cœur et de corps, coups de vie et de désir. Dans une vérité sans détours, elle remplit ses derniers jours de la plus féroce des passions ? : celle de vivre. Marie Laberge nous étonne encore une fois en repoussant les limites de la forme romanesque. Avec Dix jours, elle nous raconte un face-à-face avec la mort paradoxalement la vie prend toute son ampleur, et nous retrouvons en quelque cent cinquante pages la force d'émotion à laquelle la grande romancière nous a habitués.
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