Une jeune femme va passer un concours. Elle prend le RER en direction de la ville de banlieue où se trouve une école d’art. C’est là que tout pourra commencer, les expériences, les références, des découvertes fondatrices, la rencontre avec certaines œuvres, certains artistes. Dans cette ville nouvelle aux rues piétonnes, excentrée et sans beaucoup de charme, des étudiants découvrent l’art, essayent d’en faire, s’encouragent, se copient, s’observent. Ils sont déjà presque de jeunes artistes, au moins pendant les cinq années d’études. Ils apprennent intuitivement, notent quelques noms, cherchent à se renseigner, veulent être sur le coup. La jeune artiste, devenue écrivain, se souvient, observe et dépeint tout ce petit monde, tout ce beau monde. Valérie Mréjen, qui fit ses études à l’École nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise, réussit un formidable récit de vocation et de formation. Un roman dont l’énonciation neutre (le pronom impersonnel on) parvient à se faire à la fois personnelle et collective, à établir une complicité avec nous, et à rendre le mystère, l’étonnement d’une vocation artistique jusque dans la banalité et la familiarité du monde autour de nous. La « jeune artiste » décrit ses camarades avec humour et surprise, dépeint les lieux qu’elle traverse, tente de comprendre ce qu’on lui demande, d’exécuter des recherches ou des commandes : « Avancer d’un pas décidé vers l’inaccoutumé avec dans la poche une adresse ou deux pourra donner le sentiment d’être en fin de compte un imposteur ou une sorte d’espion, d’arriver en pays conquis alors qu’on se contente de connaître une personne qui. » Le texte oscille avec délicatesse entre une sorte de chromo tendre et humoristique et l’histoire intime d’une vocation qui doit aussi rompre avec un certain milieu social, une attente. C’est alors le roman d’une artiste, de sa façon inimitable d’observer et dire le monde autour d’elle.

 

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